Quelques Remarques concernant
le Calcul et la Visualisation des Objets Fractals
CMAP (Centre de Mathématiques APpliquées) UMR CNRS 7641, École polytechnique, Institut Polytechnique de Paris, CNRS, France
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(Site WWW CMAP28 : cette page a été créée le 20/12/2010 et mise à jour le 03/10/2024 17:07:00 -CEST-)
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Erreurs d'arrondi,
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Génie Logiciel,
Géométrie Fractale,
Infographie,
Mathématiques,
Mécanique Céleste,
Mécanique Quantique,
Physique,
Sensibilité aux Erreurs d'Arrondi,
Simulation Numérique,
Stéréogrammes,
Synthèse de Phénomènes Naturels,
Synthèse de Texture,
Visualisation Scientifique,
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1-LES DIFFICULTES INHERENTES AU CALCUL DES OBJETS FRACTALS :
Pour un objet fractal, dont la définition
est donnée dans un certain espace, son infinie complexité fait qu'il
est quasiment impossible de répondre de façon sûre à certaines questions
: tel point appartient-il à l'ensemble ? Si oui, peut-on y définir
une tangente, une normale,... ? Le fait de vouloir y répondre
de façon numérique, c'est-à-dire à l'aide d'un ordinateur,
ne fait que compliquer le problème. En effet, ces machines ne connaissent
ni l'infini, ni le continu dont la plupart des objets fractals dépendent.
Les "nombres" flottants,
avec lesquels sont faits les calculs, vont
alors être la source de deux difficultés supplémentaires : d'une part l'impossibilité
d'accéder effectivement aux nombres réels, or le comportement des itérations
utilisées peut varier du tout au tout d'un point à un autre voisin. D'autre
part les erreurs d'arrondi
dont ils sont l'objet, combinées au fait que
ces itérations sont généralement sensibles aux conditions initiales,
font qu'après chaque calcul intermédiaire le système peut "bifurquer" différemment
de ce qu'il ferait si les calculs utilisaient effectivement
les nombres réels
(ce qui est malheureusement impossible...). A titre d'exemple, il est intéressant
de calculer l'ensemble de Mandelbrot en simple
et en double précisions
(respectivement 32 et 64 bits), puis de comparer les résultats : les deux frontières
obtenues sont en fait différentes. Une expérience encore plus simple à réaliser
consiste à faire de même avec l'itération :
S = R.S .(1-S )
n+1 n n
en choisissant par exemple S[0]=0.5 et R=3.6 :
32 bits 64 bits
S[000] = 0.50000 0.50000
S[010] = 0.45783 0.45783
S[020] = 0.33142 0.33142
S[030] = 0.51520 0.51514
S[040] = 0.42070 0.42101
S[050] = 0.33303 0.33467
S[060] = 0.54909 0.57548
S[070] = 0.36566 0.35862
S[080] = 0.38399 0.39532
S[090] = 0.54227 0.59320
S[100] = 0.33175 0.43172
S[110] = 0.52272 0.40917
S[120] = 0.38036 0.39152
S[130] = 0.49769 0.59933
S[140] = 0.45695 0.53809
S[150] = 0.33446 0.32410
S[160] = 0.57263 0.34367
S[170] = 0.38081 0.56601
S[180] = 0.50325 0.41848
S[190] = 0.45609 0.32507
S[200] = 0.33788 0.35966
Une autre difficulté généralement
passée sous silence vient de la notion de "nombre d'itérations". En effet,
la plupart des objets fractals sont obtenus en répétant une certaine transformation
T tant qu'une certaine condition C est vraie : le nombre N d'itérations varie
en général d'un point à l'autre. Dès que C devient fausse,
les choses sont déclarées (de façon parfois présomptueuse) sûres :
le point courant n'appartient pas à l'ensemble. Par contre tant que C reste vraie,
la situation est plus incertaine : en effet, pour des raisons pratiques évidentes,
il est impossible d'itérer indéfiniment ; il faut bien s'arrêter pour une
valeur de N fixée arbitrairement à l'avance (par exemple 1000), mais
qui sait ce qu'il adviendrait si une itération de plus était effectuée
? De plus, les erreurs d'arrondi mentionnées précedemment ajoute une
nouvelle source d'ambiguité : la valeur logique de C calculée numériquement
peut être différente de ce qu'elle est en réalité (avec les nombres réels)
mais qui reste malheureusement inaccessible. Enfin, dans certains cas (celui
des Mandelbulbs me semble-t-il), où les ensembles visualisés n'ont
pas été étudiés mathématiquement (comme l'ont été les ensembles
de Mandelbrot et de Julia), il n'est pas impossible, qu'en augmentant
la valeur arbitraire de N (d'ailleurs choisie faible en général
-par exemple 20-), ces ensembles s'"évaporent"
: peut-être n'existent-ils pas...
2-LE COLORIAGE ET LA VISUALISATION DES OBJETS FRACTALS :
Lors du calcul d'un objet fractal, deux cas se présentent
: soit il s'agit d'un objet naturel (une montagne par exemple) et alors les couleurs
qui lui seront attribuées sont en quelque sorte imposées. Soit il s'agit d'un
objet abstrait (par exemple le fameux ensemble de Mandelbrot) et le choix des couleurs
sera bien souvent arbitraire. Malgré cela, en général le mode de
représentation utilisé sera choisi de façon
à véhiculer une ou plusieurs informations pertinentes,
mais ce choix dépendra aussi de la dimension de l'espace et ce de façon importante.
Pour les objets bidimensionnels,
le problème est relativement simple. Ainsi, les ensembles de Mandelbrot
et de Julia calculés dans le plan complexe, sont obtenus par N (variable...)
itérations d'une certaine transformation en chacun de leurs points. La couleur
attribuée à chacun d'eux pourra être choisie comme une fonction de N,
mais une autre façon de procéder consistera à considérer N comme étant
une troisième dimension orthogonale au plan complexe : l'objet sera alors représenté
par une surface.
Au-delà, même si le principe d'itérations est
le même, les choses se compliquent évidemment au niveau de la visualisation.
En dimension trois, il s'agit encore d'objets "compatibles" avec notre espace
et même s'ils sont fractals, ils sont visualisables par des
projections sur un plan,
grâce aux techniques bien maîtrisées de la synthèse d'image. En dimension quatre (et plus...),
ils ne sont plus représentables intégralement : seules, par exemple,
des coupes tridimensionnelles
accompagnées de rotations
et/ou de translations
seront possibles. Mais les limites de ces techniques sont évidentes : il suffit
de s'imaginer pour cela ce que serait notre perception des objets du quotidien,
si nous n'en percevions que des coupes planes.
Copyright © Jean-François COLONNA, 2010-2024.
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